En partenariat avec la Société internationale pour les origines développementales de la santé et des maladies (DOHaD), le Réseau pour la santé du cerveau des enfants (RSCE) fait venir des scientifiques du monde entier
(27-31 août 2022)
L’été dernier, le Réseau pour la santé du cerveau des enfants (RSCE) organisait son premier rassemblement en présentiel depuis décembre 2019.
Le RSCE a tenu sa 12e conférence annuelle dans le cadre du Congrès mondial de la Société internationale pour les origines développementales de la santé et des maladies (DOHaD). L’événement a eu lieu à Vancouver et a réuni des chercheurs et des chercheuses ainsi que des familles et des partenaires de tout le Canada. Ce partenariat avec le Congrès de la DOHaD a permis au RSCE d’élargir son auditoire et sa portée à l’échelle mondiale.
« Les effets des perturbations sociales et environnementales sur les origines développementales de la santé et des maladies » étaient le thème sur lequel se sont penchés tous les membres participants au congrès. L’accent a été particulièrement mis sur « Interventions réussies pour un avenir en santé ». Des personnes participantes venues des Philippines, du Pakistan, d’Australie et des Pays-Bas, ainsi que de nombreux autres pays et de nations autochtones du monde entier, ont échangé leurs connaissances dans plusieurs domaines des sciences de la santé développementale.
Accueil du monde sur la côte du Nord-Ouest Pacifique
Née dans la Première Nation skawahlook, l’Aînée Margaret George appartient à la communauté des Tsleil-Waututh. Au cours d’une cérémonie d’ouverture spectaculaire, elle a accueilli les participants et participantes au congrès en leur souhaitant la bienvenue sur les territoires non cédés des peuples Salish du littoral – les nations autochtones Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh, qui vivent depuis plus de 10 000 ans sur le lieu connu sous son nom colonial de Vancouver.
Le Vancouver Convention Centre était bondé de chercheurs et chercheuses de pointe, d’universitaires, de stagiaires, de familles, de proches aidants et de cliniciens et cliniciennes. Jean Duclos, ministre de la Santé du Canda, a mentionné tout spécialement le RSCE, attirant l’attention sur le travail que fait le réseau pour aider les enfants et les familles vivant avec des troubles du développement neurologique (TDN). Dans la foulée, le ministre a également parlé de l’engagement du gouvernement à investir dans des initiatives destinées à la santé et au développement des enfants.
Geoff Pradella, président du conseil d’administration du RSCE, se trouvait parmi les personnes dirigeantes qui ont prononcé une allocution inaugurale. « Dans les jours qui viennent, nous allons pouvoir découvrir de nombreux projets et partenariats au service de la santé développementale », a-t-il dit.
« Nous espérons particulièrement pouvoir apprendre et échanger des manières d’intégrer l’équité, la diversité et l’inclusivité dans nos recherches et nos pratiques. En nous rassemblant en tant que communauté mondiale, nous avons la possibilité d’apporter de réels changements aux enfants et aux familles ainsi qu’aux générations à venir. »
La cérémonie d’ouverture a également été marquée par une prestation des Spakwus Slolem (traduit par « Danseurs du chant de l’aigle ») de la nation Squamish; de jeunes chanteurs et chanteuses de la Sarah McLachlan School ont également captivé et diverti le public.
Construire des ponts entre la science, le public et le gouvernement
Au cours de la table ronde ouverte au public, des scientifiques et des décisionnaires ont fait part de leur expertise et exprimé leur point de vue sur les répercussions des pandémies et des traumas sur le développement des jeunes enfants.
La Dre Tessa Roseboom des Pays-Bas a souligné l’importance d’investir dans des recherches et des ressources sur les 2000 premiers jours de la vie d’un enfant, allant de sa conception jusqu’à l’âge de cinq ans. Des membres de la table ronde ont parlé des effets de facteurs traumatiques comme la guerre, la maladie, la famine, la sécheresse et la pénurie de ressources essentielles sur les parents, les nourrissons et les enfants.
Il ne faut pas oublier non plus les injustices flagrantes vécues par les peuples autochtones, les réfugiés, les immigrants, les groupes racialisés et d’autres à qui l’on refuse l’équité. Margo Greenwood de la nation Cri a parlé des effets dévastateurs et persistants du génocide culturel commis contre les peuples et les communautés autochtones au cours de la colonisation du Canada.
Ces effets sont ressentis et s’expriment à travers les générations, aussi Mme Greenwood a-t-elle expliqué comment les peuples autochtones d’aujourd’hui font appel à des connaissances et à des pratiques culturelles de toujours dans des projets de guérison.
Tous les panélistes ont indiqué qu’il est d’une importance cruciale que les communautés scientifiques intègrent les connaissances de toutes les disciplines étudiant les origines développementales de la santé et des maladies (ODSM). Ils ont parlé du rôle essentiel que doivent jouer les spécialistes de la communication scientifique dans les politiques de santé publique pour le plus grand bien de tous les secteurs de la société.
Étant donné les appels à l’action incitant à appliquer les connaissances scientifiques aux décisions de la vie publique et politique, il était logique que des membres du public, des scientifiques et des décisionnaires politiques soient invités à participer aux discussions sur les problèmes vécus depuis les premiers stades du développement humain dans un monde bouleversé par la pandémie de COVID-19.
Dans le débat éternel sur l’inné et sur l’acquis, les membres de la table ronde ont été formels : c’est là où l’inné et l’acquis se recoupent (l’ADN et les gènes ainsi que les facteurs environnementaux et épigénétiques) que nous avons la possibilité d’améliorer la santé développementale. Les discussions à ce sujet ont en fait orienté une grande partie de ce qui a été dit au cours des jours suivants du Congrès mondial de la DOHaD.
Allocutions d’ouverture du RSCE : Les difficultés de l’enfance
L’allocution du Dr Vikram Patel dans le cadre de la conférence Fraser Mustard a été prononcée à guichets fermés au cours de la séance parrainée par le RSCE intitulée « Agir de bonne heure : de la science développementale à la prévention évolutive des problèmes de santé mentale ». Le Dr Patel a parlé du besoin de cibler le milieu de bonne heure dans la vie de l’enfant pour prévenir les difficultés de santé mentale. Selon lui, au cours des principales périodes du développement, l’intervention sur le milieu de vie de l’enfant par les parents de même que par l’école et la collectivité devrait occuper une place essentielle. Il a exposé les éléments du développement nécessaires à la prévention : une approche de la dynamique de vie allant de la conception au début de l’âge adulte, une approche fondée sur l’équité et sur les populations, et enfin, des plateformes communautaires variées offrant des interventions ciblant les difficultés sociales et environnementales.
La Dre Linda Richter a participé virtuellement au congrès depuis l’Afrique du Sud et a prononcé son allocution intitulée « Adversité dans l’enfance et pandémies ». Elle est l’auteure de contributions majeures à des études sur l’impact négatif de la sous-alimentation maternelle et infantile sur la santé adulte et sur le capital humain, sur le potentiel de développement au cours des cinq premières années de la vie de l’enfant dans les pays en développement, et sur les inégalités au cours de la petite enfance.
Former la prochaine génération de scientifiques du développement neurologique
Parmi les scientifiques du développement neurologique se trouvaient 29 stagiaires ayant reçu une bourse de voyage du RSCE, ce qui leur a permis financièrement de se rendre au congrès et d’y participer. Ces stagiaires ont ainsi pu s’instruire et collaborer en personne avec des délégués issus de disciplines variées et sept d’entre eux et elles ont également apporté une perspective internationale de leurs pays d’origine. Les programmes de formation préalables au congrès comprenaient des ateliers animés par des experts et expertes qui ont abordé des sujets aussi variés que l’éthique des médias sociaux, l’écriture pour un public non spécialisé, les mégadonnées dans la recherche sur les ODSM, et enfin, une séance sur les parcours professionnels avec une table ronde à laquelle participait Jennifer Zwicker, conseillère scientifique en chef adjointe du RSCE.
L’équipe du Comité consultatif sur les politiques de formation en recherche du RSCE a organisé et animé chaque événement de réseautage pour les stagiaires tout au long du congrès. Elle a marqué son hospitalité en donnant une soirée au cours de laquelle a eu lieu un jeu de bingo et avec une exploration du centre-ville de Vancouver. Elle a également incité la mobilisation des pairs avec un atelier sur les parcours de carrière et avec l’événement « Connecteur de la DOHaD » pour encourager l’apprentissage interdisciplinaire.
La communauté autochtone dans la recherche sur les ODSM
Au cours de séances officielles comme « La communauté autochtone dans la recherche sur les ODSM » et de discussions tout au long du congrès, les membres dirigeants autochtones présents ont indiqué combien il est important de tenir compte de l’influence du langage sur nos points de vue et nos relations.
À l’honneur, l’ingéniosité et la collaboration en matière de recherche
Au cours du congrès, les stagiaires et scientifiques du RSCE ont présenté plus d’une douzaine d’affiches sur les thèmes de l’autisme et de la cybersanté, qui incorporent divers outils de transfert des connaissances pour encourager l’engagement des familles dans la recherche. Il y a eu des présentations par affiches sur des projets financés par le RSCE, comme le Programme d’activité physique, le projet d’orientation dans le système, Bonnes nuits Jours meilleurs, Sensibilité au bruit et L’île aux dinosaures.
Le kiosque du RSCE dans le hall d’exposition bourdonnait d’activité. Les membres du réseau pouvaient s’y rencontrer et faire connaissance, se renseigner et emporter des objets souvenirs. Le kiosque constituait aussi une présence publique où tous les délégués du Congrès de la DOHaD pouvaient s’informer sur la science et la recherche neurodéveloppementale au Canada.
Des conférencières et conférenciers inspirants
Le RSCE a parrainé trois symposiums du congrès portant sur des domaines particuliers de la recherche neurodéveloppementale :
- Le développement du cerveau en début de vie et les origines de la santé mentale du nourrisson
- Les applications de l’intelligence artificielle pour améliorer les résultats de santé tout au cours de la vie
- Les déterminants sociaux des ODSM : inégalités en matière de santé, immigration, racisme et sexisme
Le Prof. François Bolduc de l’Université de l’Alberta – ancien chercheur du RSCE – a décrit ses efforts pour créer un robot conversationnel destiné à offrir des conseils médicaux solides et à recommander les interventions existantes les plus efficaces aux personnes atteintes de TDN et à leurs familles. Tout à fait comme les applis Siri d’Apple ou Alexa d’Amazon, il réagira à des requêtes écrites ou orales de la personne utilisatrice. Mais contrairement à ces autres robots conversationnels, il donnera des informations issues de sources fiables. Tous les spécialistes qui se servent de l’intelligence artificielle dans leur travail pour améliorer la santé tout au long de la vie partagent le même sentiment : même si celle-ci peut beaucoup, elle a ses limites et les familles auront toujours besoin d’un contact humain quoi qu’il arrive.
Coanimées par Janet Rossant, présidente de Gairdner Canada, et par le Prof. James Reynolds, conseiller scientifique en chef du RSCE, les séances plénières présidentielles ont également suscité une participation enthousiaste. Les conférenciers et conférencières ont présenté des conclusions nuancées sur la grossesse et la naissance, sur les effets du diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires venant des parents, sur le diabète gestationnel, sur l’expression génique du foie et les restrictions de croissance du fœtus, et sur l’effet du confinement dû à la pandémie sur les naissances.
Genevieve Currie et Vanessa Joly, toutes deux stagiaires du RSCE, ont pu présenter leurs travaux au public du congrès. Mme Currie a parlé des difficultés de santé mentale éprouvées par les enfants vivant avec des TDN et leur famille pendant la COVID-19.
Dans le cadre des présentations sur les ODSM, sur le transfert des connaissances et sur l’éducation, Mme Joly a fait découvrir l’outil COMPASS (Client-Oriented Mapping for Point of Care Access to Supports and Services, ou Cartographie axée sur le client pour l’accès aux soutiens et aux services au point de service) qui permet de s’orienter pour trouver des mesures de soutien et des interventions bénéfiques dans le cas du trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF).
L’équipe de l’engagement des familles dans la recherche (EFR), représentée par Alice Soper et financée par le RSCE, a reçu une approbation générale de l’approche de son programme, qui encourage l’inclusion et la participation dès le début. Mme Soper a donné des exemples de stratégies employées par son équipe pour faire participer les membres de la famille dès le départ ainsi que tout au long du processus de la recherche.
Célébrations de clôture
Nicola Lewis, directrice générale du RSCE, est montée sur scène pour remercier John Challis et Janice Bailey, coprésidents du congrès, ainsi que toute l’équipe qui s’est consacrée à organiser ce passionnant événement de cinq jours.
Comme touche finale au Congrès mondial de la DOHaD, Mme Lewis a ajouté une note inspirante en parlant de l’importance d’envisager la recherche et l’expérience de divers points de vue et d’apprendre les uns des autres comment mieux intégrer l’équité, l’accessibilité et l’inclusion aux sciences de la santé neurodéveloppementale. « Si nous voulons atteindre l’excellence en recherche et faire changer les choses pour le mieux, nous ne pouvons pas oublier que les relations se trouvent au cœur de notre travail », a-t-elle dit. « Nous espérons avoir acquis de nouvelles idées, établi de nouvelles relations et encouragé de nouveaux partenariats et projets potentiels et révolutionnaires à venir. »
Pour en savoir plus sur les projets de recherche sur la COVID-19 du RSCE
Bien que la recherche sur les effets de la pandémie de COVID-19 n’en soit qu’à ses débuts, le RSCE et Mitacs ont devancé les appels à l’action en mettant en œuvre des solutions accélérées au Canada depuis septembre 2020. Ensemble, ils continuent de financer et d’appuyer des recherches communautaires pour atténuer des défis sans cesse renouvelés pour les organismes de première ligne aidant les enfants et les familles atteints de troubles du développement neurologique à faire face à la pandémie et aux effets persistants de celle-ci.